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La flambée des prix du riz affecte de nombreuses régions du monde où il constitue la base de l'alimentation.

Jul 24, 2023

SCOTT SIMON, HÔTE :

Le prix du riz s’envole. C'est une hausse de 20 % depuis juin. C’est une mauvaise nouvelle pour la moitié de la planète qui dépend du riz comme aliment de base. Mais c'est une situation très difficile dans les pays africains et asiatiques où la faim est une réalité. La flambée des prix est causée par plusieurs facteurs, notamment les sécheresses et les inondations. Mais les décisions prises par l'Inde, qui joue un rôle clé sur le marché international du riz, ont aggravé la pénurie. Abdullah Al Mamun est analyste de recherche principal à l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, et il nous rejoint maintenant. M. Al Mamun, merci beaucoup d'être avec nous.

ABDULLAH AL MAMUN : Merci.

SIMON : Nous souhaitons examiner les politiques d’exportation indiennes, mais pouvez-vous d’abord nous dire ce qui a provoqué cette perturbation des récoltes de riz au cours de l’année écoulée ?

AL MAMUN : Comme vous le voyez, après l’invasion russe de l’Ukraine, le marché du riz – le marché mondial du riz était relativement calme. Mais depuis septembre 2022, on constate une hausse des prix du riz, notamment des prix du riz indien, thaïlandais et vietnamien. Il y a donc quelques préoccupations qui déclenchent ces impacts. De toute évidence, El Nino, l'événement météorologique qui se profile actuellement à l'horizon dans l'hémisphère Nord, aura probablement un impact sur la production de riz, et c'est un facteur. La deuxième est que, comme le marché des engrais est actuellement instable en raison du conflit russo-ukrainien, il existe également des inquiétudes quant à la disponibilité des engrais pendant la saison des semis.

SIMON : Je suppose que l’Inde est responsable de 40 % des exportations mondiales de riz. Comment ont-ils réagi à ces défis et que s’est-il passé ?

AL MAMUN : Donc, ils ont récemment promulgué une interdiction d'exportation avec effet immédiat sur le riz non basmati. Ainsi, selon différents chiffres, on constate qu'environ 10 millions de tonnes de riz sont actuellement bloquées par l'Inde pour l'exportation vers le marché mondial.

SIMON : Les Indiens essaient-ils simplement de protéger leurs propres citoyens d’une pénurie ?

AL MAMUN : C’est vrai. Actuellement, l'inflation est d'environ 12 %. L’Inde craignait donc cette inflation et organise des élections l’année prochaine. Le gouvernement craint donc que si les exportations indiennes augmentent, leurs prix augmenteront. C'est pour cela qu'ils ont interdit l'exportation de riz.

SIMON : Vous dites que l'Inde a imposé cette interdiction d'exportation parce qu'elle craint de manquer de riz ou que le prix du riz augmente avant le prochain tour des élections.

AL MAMUN : C’est vrai. Et ils s’inquiètent également de la saison actuelle de la mousson. Dans certaines régions de l’Inde, il pleut beaucoup. Les agriculteurs ont donc dû replanter leur riz.

SIMON : Comment cette interdiction affectera-t-elle les pays, par exemple, d’Afrique subsaharienne ou un pays asiatique comme le Bangladesh, où la faim est une préoccupation majeure ?

AL MAMUN : Cette interdiction aura un impact considérable sur les pays d'Asie du Sud, qui sont le plus grand partenaire commercial de l'Inde, notamment pour le riz. Comme vous le savez, en Afrique subsaharienne, 80 à presque 100 % de leurs importations proviennent d'Inde.

SIMON : Craignez-vous que les pays commencent à accumuler des réserves de riz ?

AL MAMUN : Pour le moment, je ne pense pas que les pays accumuleront. Mais si l’on constate que cette interdiction d’exportation de riz a des répercussions sur d’autres grands exportateurs comme la Thaïlande ou le Vietnam, cela devient une grande préoccupation. Et nous l’avons vu en 2008, lors de la crise des prix alimentaires. Un pays, un grand exportateur a lancé une interdiction d’exportation. Les autres pays ont suivi. Voilà donc l’effet domino auquel vous pouvez vous attendre.

SIMON : L'Organisation mondiale du commerce peut-elle faire quelque chose, disons ?

AL MAMUN : Nous exhortons fortement l'Organisation mondiale du commerce à avoir une conversation ou à mener des négociations avec les pays membres afin que les pays membres coopèrent entre eux. Mais nous n’avons pas vu beaucoup d’action sur ce point de la part de l’Organisation mondiale du commerce.

SIMON : Y a-t-il des gens dont la vie est en jeu à cause de cette pénurie de riz ?

AL MAMUN : Ainsi, en Asie, ils sont les plus gros consommateurs de riz. Dans certains pays, leur apport calorique provenant du riz varie de 40 à 67 % en Asie. Cela aura donc certainement un impact sur des millions de vies.